Temples d'Angkor
Depuis lundi, nous sommes donc à Siem Reap, la ville la plus touristique du pays puisque c’est de là qu’on peut aller visiter les temples d’Angkor, à 8 km au Nord. Mardi, on a pris le temps de flâner dans la ville et d’organiser un peu la suite - notamment en allant chercher nos pass pour les temples.
C’est la mousson, comme on l’a déjà dit. ça veut dire qu’il fait en général très beau et chaud le matin, et que dans l’après-midi de gros orages éclatent et c’est le déluge. La pluie ne dure en général pas très longtemps, mais la quantité d’eau qui tombe est énorme. Dès que ça commence, les conducteurs de tuk-tuk courent dans tous les sens pour descendre des bâches anti-pluie, c’est la panique.
Siem Reap a quelques restes “coloniaux”, ça donne un petit côté charmant.
Nos tickets “3 jours” pour Angkor. Comme on les a achetés mardi après 16h30, ça nous donne le droit d’aller jeter un oeil tout de suite sur le site gratuitement. On a donc foncé vers le premier - et le plus célèbre - des temples du tas : Angkor Wat !
Datant du 12ème siècle, Angkor Wat a été construit en 37 ans. Son nom signifie “le temple (wat) de la capitale (angkor)”, et il est dédié à Vishnu. Il est entouré de larges douves et est tout simplement immense : les douves l’encerclent sur 1,3km de chaque côté ! Probablement l’endroit le plus photographié par les touristes.
A l’intérieur, comme dans tous les autres temples d’ailleurs, les différentes pièces sont séparées par de hauts seuils. Ceci, afin d’éviter que les mauvais esprits puissent passer d’un endroit à l’autre. On ne sait pas si c’est efficace contre les mauvais esprits, mais c’est par contre très bien pour se faire les mollets.
Mercredi, c’est reparti pour Angkor Wat, mais avec un guide cette fois. Le guide (un mec sympa qui rit aux éclats à chaque fin de phrase, même quand ce qu’il raconte est triste) nous fait passer par la porte de derrière, histoire d’être à contre-courant des cars de touristes coréens, chinois et japonais. Ladite porte :
L’envers d’Angkor :
On a tenté de sélectionner les photos qu’on a prises (parce que déjà que la connexion est difficile, on vous dit pas le temps qu’il aurait fallu pour charger toutes nos photos), donc voici quelques jolis détails des gravures sur les murs. Le plus souvent, ce sont des déesses qui sont représentées (les “apsaras”, nées des bulles d’air qui ont été formées quand les dieux et les démons ont baratté la mer de lait avec un serpent - le naga - comme outil de travail), ou les concubines du Roi. On reconnaît ces dernières au fait qu’elles ont un miroir dans la main et sont moins bien habillées que les déesses.
C’est immense. Vraiment. Et très bien équipé : il y avait aussi des bibliothèques.
Pour monter au sommet des tours, il ne faut pas avoir le vertige. C’est vraiment très raide.
2ème temple visité - et également probablement le 2ème le plus célèbre après Angkor Wat : Ta Phrom. Il est l’un des plus impressionnants, parce qu’on a le sentiment de le découvrir au milieu de la jungle tels des explorateurs du 19ème siècle. La Conservation a décidé de laisser les arbres (des fromagers pour la plupart, dont le nom viendrait - d’après le guide - de leurs racines qui semblent “couler comme du fromage fondu”) qui ont envahi les pierres et de ne rénover que les parties non englouties par les végétaux. ça donne un résultat magnifique.
Ensuite, entrée dans Angkor Thom, ville fortifiée datant d’après Angkor Wat. La porte d’entrée est surmontée d’une statue représentant trois visages (et l’un des trois est à double, mais on ne se souvient plus duquel) : Brahma, Vishnu et Shiva, les trois principaux dieux hindous (Brahma est le créateur du monde, Vishnu en est le conservateur et Shiva le destructeur). Le bouddhisme est vraiment mélangé à l’hindouisme, et d’après le guide environ 60% des gens pratiquent à la fois les deux religions. Vishnu et Shiva sont les deux dieux ayant le plus de succès, et pour éviter les conflits intra-familiaux (type dispute lors des repas de famille sur le thème “quel dieu est le plus fort ?”), ils ont même inventé un dieu mixte : Harihara, mi-Shiva mi-Vishnu. Il a donc d’un côté du corps un 3ème oeil (signe distinctif de Shiva) et de l’autre une tiare (pour Vishnu). Sachant que tout ceci n’empêche pas d’aller parallèlement prier Bouddha, y’a de la place pour tout le monde.
Donc là, pour ceux qui ont bien suivi, c’est Shiva :
Au milieu de ce site, le temple du Bayon, datant des 12ème-13ème siècles également, vu qu’en fait il a été construit comme beaucoup d’autres par un roi mégalo : Jayavarman VII (J7 pour les amis). J7 considérait le chiffre 9 comme étant très symbolique (un genre de perfection numérique), et il a donc demandé à ses architectes de se débrouiller pour placer 54 tours (5+4=9) à 4 visages, ce qui fait 216 visages au total, et 2+1+6=9, sans blague.
Là, c’est Garuda, l’aigle de Vishnu, en train de bouffer le serpent Naja. Ce pauvre serpent sert donc non seulement d’ustensile de cuisine (cf. le barattage de la mer de lait), mais également de petit déj’ pour Garuda.
Là, ils ont taillé la pierre en forme de fenêtre. On voit bien les barreaux de bois, et la partie supérieure n’est autre qu’un charmant petit rideau. Pour le relever, les dieux n’avaient qu’à tirer sur la ficelle gravée prévue à cet effet.
Toujours sur le Bayon, une immense fresque représentant la guerre de J7 contre les Chams (peuple musulman qui habitait à l’Est du pays et qui avait envahi le site d’Angkor). J7 les a vaincus à l’aide des troupes chinoises, appelées en renfort. C’est après cet épisode que J7 a fait construire Angkor Thom, avec des méga douves et de très hautes murailles histoire de ne pas se refaire envahir. Sur la fresque, on peut notamment voir un soldat qui se retourne, l’air mécontent. Pourquoi ? Parce qu’il s’est fait mordre les fesses par une tortue. C’est saisissant de réalisme.
Le soir, au resto de l’hôtel, spectacle d’ombres chinoises et de danses traditionnelles khmères par des élèves d’un centre pour enfants défavorisés (Krousar Thmey) - certains sont même sourds, ce qui ne les empêche pas de danser en suivant le rythme et les indications données par leur prof, devant. D’autres sont aveugles : ce sont les musiciens. Très chouette soirée.
Jeudi, on est reparti à l’assaut des vieilles pierres, mais sans le guide. Il faut dire qu’une fois qu’on a compris les principales histoires de la mythologie hindoue, on retrouve toujours les mêmes personnages et symboles. Là, par exemple, on a de nouveau le barattage du lait par les dieux et les démons. Sur la photo, on reconnait les dieux grâce à leur air sympathique (!?) et à leur petit chapeau pointu, tandis que les démons, eux, font la grimace et ont les yeux exhorbités. C’est toujours ce pauvre serpent Naga qui fait la jonction.
Admirez l’air bienveillant du dieu :
Autre temple d’Angkor Thom : le Baphuon. On peut grimper tout en haut et avoir une très belle vue sur le temple et la jungle tout autour.
Le plus dur, c’est toujours la descente.
Après les éléphants du Baphuon, la Terrasse des Eléphants, pas très loin devant :
Toujours pas très loin, la Terrasse du Roi lépreux. Charmant nom. Le Roi lépreux serait notre ami J7 (toujours lui), mort de la lèpre. Mais la question fait débat chez les archéologues, ça pourrait donc tout à fait être quelqu’un autre (un prince indien, ou même un personnage mythologique, ou encore un genre de dieu des enfers). Quoi qu’il en soit, cette Terrasse présente de magnifique gravures de - on vous le donne en mille - dieux, démons, serpents, aigles, déesses et courtisanes. La rumeur dit que si le visage de certaines des courtisanes est parfois plus abîmé que d’autres, ce serait parce que le roi leur aurait transmis la lèpre, les pauvres. Ou alors, c’est à cause de l’érosion.
Autre symbole récurrent à travers les temples, le linga (sexe masculin, symbole de shiva) et le yoni (sexe féminin). Pratique pour s’orienter : la tranchée, par laquelle l’eau qu’on verse sur le shiva et qui passe par le yoni s’écoule, est dirigée vers le nord. ça servait donc de boussole. Malheureusement, beaucoup ont été pillés, et il n’en reste plus énormément sur le site. Pareil pour tout un tas d’autres bouts de monuments, de statues et même des fresques qui ont été sciées puis revendues…
Ici, trois petits personnages en méditation. On les a pris en photo à Preah Khan. Parfois, de petits Bouddha étaient également représentés comme cela. Mais J8 (un type qui a succédé à J7, mais pas son successeur direct parce que ça serait bien trop simple) a effacé les représentations de Bouddha, enlevé les statues et les a remplacées par des Vishnu.
Là, le temple de Neak Pean. Pour y accéder, on traverse des douves où poussent des arbres. Ambiance un peu lugubre, mais heureusement, les touristes asiatiques sont là pour égayer le paysage.
On s’est d’ailleurs beaucoup appliqué à faire des photos où on a l’impression d’être seuls au milieu des pierres. Par exemple, là, sur la passerelle qui mène au temple. Mais en vrai, on devait à chaque fois s’arrêter parce qu’un bouchon se formait dès que des Coréens se prenaient en photo (et ça arrivait souvent !).
Ici, le Mébon oriental. Belle collection de lions et d’éléphants.
Trajet un peu plus long pour se rendre à Banteay Samrè, avec passage par des villages. Sur la route, entre les cars, les tuk-tuk et les vélos, des buffles.
Pause de midi dans une cahute au bord de la route, avec boissons locales :
Sur la route pour Banteay Kdei - un temple bouddhique -, de jolies rizières :
Et la locataire du coin, qui cohabite avec Bouddha :
Aujourd’hui, journée “off” qui nous a permi de trier nos photos et de reprendre de l’énergie pour continuer la visite demain et dimanche. Parce que grimper sur des pierres toute la journée par 35°C (sans parler du taux d’humidité), on peut vous garantir que ça fait transpirer ! ça se mérite, Angkor !